Comment se porte le marché de l'emploi en 2022 ?
D’un point de vue économique, les voyants sont au vert, les carnets de commandes sont remplis, bref tout va pour le mieux. L’emploi aussi se porte bien avec 3 millions d’embauches prévus en 2022 dont la majorité en CDI d’après Pôle Emploi. C’est 12% de plus qu’en 2021 qui été déjà une année record.
De plus, ce sont les PME qui sont le véritable moteur de cette dynamique économique. Les secteurs qui recrutent le plus sont les services, le commerce, l’industrie, la construction, l’hôtellerie-restauration, la santé et l’agriculture.
Et en même temps, on parle de plus en plus de la fameuse “grande démission”, qui nous vient des États-Unis. En effet les américains ont comptabilisé plus 40 millions de démissions en 2021.
Qu'est-ce que la grande démission ?
C'est un phénomène venu des Etats-Unis, où de nombreux salariés quittent leur emploi pour diverses raisons. Premièrement, ce phénomène est la conséquence d’un marché du travail qui se porte bien. Les gens démissionnent car ils trouvent facilement et rapidement un nouveau travail.
Deuxièmement, la pandémie et les confinements ont laissé s’installer des nouvelles pratiques de travail qui ont chamboulé les aspirations des salariés. Surtout en France, nous n’avions pas la culture du télétravail.
Que recherchent les salariés qui démissionnent ?
D’après l’étude « Work of Trend Index 2022 » réalisée par Microsoft auprès de 31 000 personnes, cette grande démission s’explique par la recherche des points suivants:
- La culture d’entreprise 46%
- Le bien-être des employés au travail 42%
- Le sens de son travail 40%
- La flexibilité et le télétravail 38%
- Le nombre de congés payés 36%
Autre point intéressant de cette étude, le côté générationel. En effet, la fameuse génération Z (- de 25 ans) participe le plus à cette grande démission à hauteur de 52%, comparativement à la génération X (entre 43 et 57 ans) qui pensent démissionner pour 35% d’entre eux.
Qu'en est-il de la grande démission en France ?
Ce phénomène se ressent déjà en France et en Europe d’ailleurs. En juillet 2021, selon les chiffres de la DARES, le niveau de démission de CDI était supérieur de 19.4% comparé à 2019, et les ruptures anticipées de CDD étaient supérieures de 25.8% par rapport à 2019.
La grande démission se ressent donc en France mais à notre échelle. Au Royaume-Uni c’est 1,3 millions de personnes qui ont démissionné en 2021.
En Allemagne, en septembre 2021, il y a eu 9 % de démissions de plus qu'à la même période en 2019. Et dans une moindre mesure l’Espagne et l’Italie aussi ressentent ce phénomène de grande démission.
Attention, les États-Unis ce n’est pas l’Europe et encore moins la France.
Les USA ont toujours connu (mise à part en temps de crise économique) un marché du travail ultra fluide. Il est courant de démissionner et de trouver un nouvel emploi rapidement.
En France, nous avons un taux de chômage à 7,4% alors qu’outre atlantique ce taux est de 3,9%.
Donc ce phénomène de grande démission est nouveau pour nous. Et encore une fois c’est une résultante d’un marché de l’emploi fleurissant.
Et puis, toutes les générations de salariés ne sont pas exposées de la même manière à cette grande démission. Nous l’avons vu plus haut: plus les employés sont jeunes et moins ils hésitent à démissionner pour trouver un nouvel emploi.
Attention toutefois, à ne pas penser trop facilement que l’herbe serait plus verte ailleurs.
Nous faisons donc face à un changement de culture. C’est une véritable tendance de fond qui va façonner notre façon de travailler pour les années à venir.
Les patrons doivent écouter plus attentivement les attentes des salariés et travailler leur culture d’entreprise.
Petit bémol sur cette grande démission :
Comme j’ai pu le dire en introduction, “the big quit” c'était avant l’agression de l’Ukraine par la Russie, qui en fonction de la durée et de l’issue de ce conflit risque d’altérer notre croissance. L’augmentation spectaculaire du coût de l’énergie risque d'affaiblir nos PME et les obliger à licencier.
En effet, la flambée du prix du gaz, ou du gazole, va jouer un moment sur les marges des entreprises. D'après un sondage de la CPME, 37% des petites et moyennes entreprises estiment que cela remet en cause leur modèle économique, et près de 18 % se pose même la question du maintien de leur activité.
Déjà certaines PME de transport notamment sont obligées de mettre la clé sous la porte à cause de l’explosion du prix de l’essence, malgré des contrats annuels signés avec leurs clients. J’ai lu aussi que plusieurs usines utilisant du gaz risquent de licencier prochainement pour éviter une fermeture définitive. Peut-être que des dispositifs d’aides financières et de chômage partiel permettront d’atténuer les difficultés.
J’ajoute à celà la pénurie de blé ou encore d’huile de tournesol qui risque de provoquer des hausses importantes des prix à la consommation et diminuer ainsi le pouvoir d’achat des français.
Ce phénomène de grande démission est lié à la qualité de notre économie. Si les conséquences de la guerre en Ukraine ne se font pas trop sentir en France, les démissions vont certainement continuer à progresser. Au contraire, si notre économie en prend un coup, naturellement les salariés resteront plus attachés à leur poste.
— Écrit par Dan Guez, CEO & co-fondateur d'OpenSourcing.
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